The Wild Kraken

J'étais encore très jeune lors de mon premier voyage à Paris. Nous marchions sur une avenue dont le nom m'échappera toujours, les trottoirs d'un rouge délavé comme on en voit à Limoges, en centre-ville. Sur celui d'en face, je me rappelle exactement la scène, de ce couple traversant la route pour entrer dans une boutique comme je n'en avais jamais vu auparavant, assez intimidante, mais fascinante, comme ces deux personnes. L'homme était mal rasé, une barbe de trois jours comme mon père porte sans gêne, en fin de semaine. Il était habillé, comme tout le monde, comme n'importe qui qui croiserait votre route lors d'une balade en ville. Comme sa compagne, ses bras étaient couverts de dessins à l'encre, jusqu'au cou, s'arrêtant à la limite de son menton, qui soutenait un visage percé de bijoux, qui lui trouaient la peau, tout comme son amie. C'était, pour moi, un gamin qui ne connaissait rien à la vie, quelque chose d'atypique, d'inconnu, d'intriguant. Mais, contrairement aux regards outrés de mes parents, j'étais émerveillé, et en silence, de mon innocente insouciance, je m'étais promis qu'un jour, je serais "comme ça".